Dominique Bargiel tel un Samouraï à Carcenac-Peyralès
publié le 03 janvier 2024 Toutes les actualitésLes personnes ayant connu les frères Maruejouls, qui étaient jadis les forgerons du village de Carcenac, ne doivent plus être très nombreux aujourd’hui et le fond de commerce alors repris par les frères Albouy est devenu la grosse entreprise que l’on connaît à l’orée du village. En revanche, ce que beaucoup ne savent pas, c’est que sur le site d’origine, on travaille à nouveau le fer et c’est peu de le dire…
Le nouveau propriétaire de cette maison s’appelle Monsieur Dominique Bargiel, ancien résident de Bozouls qui s’est porté acquéreur de cette bâtisse justement parce qu’elle disposait d’une forge. En effet, cet ancien pratiquant de karaté est passionné de sabres japonais mais ne vous y trompez pas, il n’est pas un simple collectionneur, il est est surtout, et c’est peu le dire, un fabricant !
Pour la confection de ses sabres, Dominique part du minerai de fer ramassé sous forme de cailloux près du Kaymar ou du Larzac. Inutile de préciser que les étapes sont longues jusqu’à obtenir une lame finie ; il faut chauffer le minerai pour obtenir des agglomérés qui seront ensuite concassés et broyés pour devenir une poudre. Par un procédé de réduction avec du charbon de bois dans un bas fourneau, le métal en fusion apparaît alors avec les caractéristiques de l’acier ou de fer selon son dosage en carbone savamment régulé par l’orientation de la tuyère. Ce sont ensuite de longues opérations de forge, de feuilletage et de martelage à l’aide des gros marteaux pilons qui datent de l’époque Maruejouls que les lames vont commencer à voir le jour. Il faudra ensuite poncer à l’aide de pierres successives à la finesse du grain variable. Mais fabriquer un sabre ne se limite pas à sa lame, il faut aussi construire sa poignée et son étui avec respectivement du bois de hêtre et de tilleul. Cette matière sera recouverte la plupart du temps de peau de raie colorée en fonction des commandes. Des ornements y seront aussi ajoutés. Dominique Bargiel réalise tout cela et lorsqu’il nous apprend qu’il faut compter environ 150 heures de travail pour l’aboutissement d’une seule pièce, on n’est pas vraiment surpris. L’homme fait preuve d’une modestie inégalable lorsqu’il avoue s’adonner à cet exercice ”pour s’occuper”. Il n’y a pourtant pas besoin d’être un connaisseur pour comprendre qu’il est un immense artiste non seulement passionné de sidérurgie artisanale mais aussi de culture nippone en général. Précisons que seulement trois personnes fabriquent des sabres japonais en France et que les autres débutent le travail à partir des lingots de métal.